Another night in the streets, "Ce soir c'est le show. Aux deux Plateux"

Un Samedi soir vers 20 heures moi et trois de mes amis faisions ce que nous avions l’habitude de faire chaque Samedi a environs 20 heures. Chercher show. En ce temps là, c’était à la mode. Partir à une fête Samedi consistait à interroger toutes les personnes de notre âge qu’on voyait passer chaque Samedi après midi ou Samedi soir dans le quartier. (Un de nos amis était très populaire, parce qu’il était au courant de toutes les fêtes, donc chaque samedi on le cherchait ‘avec torche’)

« On dit quoi Jean ca fait longtemps hein!
_Djo je suis callé, rien de neuf je me cherche comme d’habitude. Et toi ?
_Je suis la… Mais c’est comment ? Aujourd’hui c’est Samedi la, ya pas un show quelque part ?
_En tout cas c’est vrai, le Satoudou est la. Bô il parait qu’il y a un show à Angré quelque part là-bas. Mais moi-même je sais pas qui fait le show. C’est une go qui m’a dit… »


Et le show était lancé. Maintenant il fallait essayer de savoir si on connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui serait à la fête. Même si on connaissait personne, et on n’y était pas invité, ce n’était pas grave ça nous empêchait pas d’aller a l’aventure.

Donc se Samedi la moi et mes trois amis étions a l’aventure. On avait eu du mal à quitter le quartier ce jour la car personne n’avait ‘transport’, l’argent pour payer le taxi. Très frustrant pour moi parce que la fête n’était pas loin de notre quartier. Donc le transport aller nous couter 1500 francs CFA, ou $3. Quatre personnes qui veulent aller a une fête mais qui a eux quatre ne peuvent pas réunir 1500 pour payer transport ! 375 francs chacun ! Deux cocas ! Vraiment mes amis me traitaient souvent d’avare mais y’en avaient qui était plus avares que moi… Bref j’ai payé l’aller, et en toute vraisemblance j’allais payer le retour aussi. Je n’étais pas content ce jour la.

–petite anecdote, un de mes amis nous a montré son préservatif qu’il avait dans sa poche, parce qu’on ne sait jamais, je l’ai trouvé très amusant, je me demandais même s’il avait embrassé une fille-

En allant vers la fête, il fallait avoir l’ouïe fine car l’objectif du jeu consistait à diriger le taxi vers ou on nous avait dit que la fête aurait lieu et a tendre l’oreille. Si on entendait de la musique quelque part, on dirige le taxi vers la musique et voila ! On était à la fête.

Le seul problème c’est que ce jour la, on n’a pas entendu de musique. Donc nous nous sommes retrouves à pied dans un quartier résidentiel assez mal illuminé. Nous étions en plein milieu de la nuit dans un endroit qui ne nous était pas familier. Pour nous ce n’était pas une situation risquée, nous étions trop concentre sur la quête du show pour penser a tout ca.

Et bientôt, au lieu de trouver le show, on a trouve un « vieux père » qui apparemment devait être un bon samaritain par qu’il voulait nous aider dans notre quête. Sur la route ce vieux père rencontra un de ses amis et son ami décida de se joindre à nous. Quatre adolescents déterminés à trouver une fête et deux adultes bénévoles qui les accompagnaient. Un peu suspect non ?

Mon ami, ‘Makaveli’ celui qui était le plus ruse de nous quatre et qui avait le flair de se retrouver dans des situations bizarres me glissa a l’oreille.
_Djo Kouffor (for those who don’t know why I’m spelling my name this way, see previous post), ces gars la on l’air très suspect cette situation ne m’arrange pas
_Mon ami, moi mon cœur n’est pas mort, moi je sais que si ca chauffe est ce qu’ils pourront courir avec moi….

Si je savais…
Après maintes questions des ‘vieux pères’ et beaucoup de marche, nous entendîmes finalement de la musique et nous nous sommes dirigées vers le lieu d’origine de la musique. Nous nous retrouvâmes bientôt devant une maison et un portail d’où provenait la musique, mais contrairement à la coutume des fêtes normales, il n’y avait personne devant la maison et le portail était ferme à clé. Cette fête m’avait l’air très exclusive, et notre groupe commençait à se rendre peu a peu à l’évidence qu’il n’y aurait pas de show ce soir.

Quand un des vieux pères se porta volontiers pour aller frapper à la porte et voir à l’intérieur de la maison s’il y avait vraiment une fête. Seul hic, il avait besoin qu’on lui prête une paire de chaussures, pour qu’il soit bien habille pour la fête. Et comme par hasard quelle chaussure voulait-il? Question stupide!

_Mon petit faut me prêter ta bago je vais montrer aux petits la, comment on doit chauffer
_Et moi je vais porter quoi?
_Mon petit c’est juste le temps de rentrer et de sortir rapidement et je te rends ta chaussure

Pause… Il faut que je parle un peu de la Bago. Sebago Docksides, une chaussure qui était très populaire a Abidjan (pour des raisons que j’ai du mal à comprendre), et qui était assez chère ($100). Je venais tout juste de payer ma chaussure l’après-midi même au plateau. Tous les allocos que je n’ai pas mangés, tous les taxis que je n’ai pas voulus payé, toutes mes économies. Et maintenant cet imposteur de bénévole, voulait que je les lui ‘prête’.
Vraiment mon vieux père, ca ment sur toi!

Play…

_Mais mon petit keshia même, tu pense que si je voulais vous faire quelque chose depuis la je ne l’aurais pas fait? Faut me passer la chaussure.

Mais amis assistaient a ce spectacle, ou plutôt, cette négociation sans vraiment broncher. Sincèrement, je ne les reproche rien, que pouvaient il faire?
_ Mon vieux père c’est pas ca, est ce que tu es sur que la chaussure te rentre même, parce que moi je chausse 45!
_Mon petit ca va me rentrer Haye mon pied peu djo dans toutes les pecasses
_Ah mais mon vieux père actuellement la chaussure est trop confortable sur moi
_Bon mon petit, depuis je suis en train de te parler doucement tu veux pas comprendre

Je suppose que j’avais abuse de sa patience parce qu’il s’adressa maintenant a son camarade

_He faut faire sortir le… de ton sac ce petit la il veut pas comprendre

Je me rappelle pas exactement du mot qu’il a utilise pour ‘le... de ton sac’, mais c’était surement un nouchi d’ajamtalla (Adjamé : un quartier très dur) et donc trop avance pour moi. Mais je n’avais pas besoin de comprendre le mot exact, je savais exactement de quoi il parlait… Le Couteau.

Mon ami m’avait pourtant prévenu… et maintenant mes mots allaient être testes. C’est clair que quand il avait fini de s’adresser à son ami qui se rapprochait avec son sac, mon attitude avait fait une volte-face admirable.

_Bon mon vieux père, tu as gagne attends je vais enlever la chaussure. Je cherche pas palabre. Attends je vais détacher les lacets

Le vieux père devait surement sentir sa victoire imminente arriver. Mais il aurait du remarquer qu’au lieu de détacher les lacets de ma chaussures, je m’étais mis a genou pour attacher les lacets… et me mettre en meilleure position…

Ma meilleure manière de décrire ce qui suivit c’est de vous conseiller de regarder les prochains jeux olympiques ou si vous ne pouvez pas, le dessin animée « Bip Bip et Coyote » (Road Runner)

Parce que… piouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu!!!
Mon démarrage fut magnifique! L’ami qui avait le sac dans lequel se trouvait le fameux …. Essaya de m’attraper et de me retenir, mais dommage pour lui, parce que le coup de poing que j’ai donne a son bras qui essayait de retenir mon t-shirt était assez fort pour le renverser. Dommage pour lui, il aller devoir montrer son… a quelqu’un d’autre.

Je n’ai jamais couru aussi vite dans ma vie… et aussi longtemps.

Quand j’étais enfin arrive à une distance assez éloigné, j’ai eu le temps de penser à un de mes amis. Malheureusement pour moi je lui avais prêté une de mes paires de chaussures

Pause…
Une Vans (une autre chaussure a la mode pour des raisons inexplicables), mais pas n’importe quelle Vans. Une Vans trois tons. Cette chaussure est assez rare je n’ai même pas pu trouver une photo sur le web

Play…
Donc ma joie d’avoir pu échapper sans dégâts au danger, était considérablement réduite par la réalisation que ma chaussure risquait de céder dans la bataille. Vraiment cet ami en particulier était pratiquement mon meilleur ami, on avait vécu des aventures ensemble (again, see previous post). Mais à ce moment précis, je ne sais pas si j’étais plus inquiet pour mon ami ou pour ma chaussure.

Au moment ou ces pensées flottaient dans ma tête je jugeai que le champ était assez libre pour me retourner et voir ce qui se passait derrière moi. Bien sur, j’étais déjà à plus d’un kilomètre de mon lieu de départ. Et qui vis-je en train de courir à pleine vitesses derrière moi?

_Machiavelli!!!!!
_Koffoi foi!!! (another spelling, see previous post)

Je n’avais jamais été aussi content de voir mon ami. Mon ami qui auparavant n’avais pas l’argent de transport me dis d’arrêter un taxi qu’il allait payer… Et nous sommes rentres au quartier sain et sauf. Quelle aventure. Donc mon ami avait eu raison… mais moi aussi!

A peu près trente minutes plus tard nos deux autres amis (qui n’avaient pas ‘transport’ aussi) nous ont rejoints au quartier. Ils nous ont dit que la police les avait aperçus et interpelles les deux ‘bons samaritains’. C’était assez plausible parce qu’eux aussi ils étaient en bon état.

Tout est bien qui finit bien.
Le samedi qui a suivit on était reparti a l’aventure a la recherche d’une autre fête…